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Un parcours à travers les expressions artistiques, du Moyen-Âge à la première moitié du XXe siècle.

Le flegme et la flamme. The Passions of Vaughan Williams

 

En 2008, les commémorations du cinquantième anniversaire de la mort de Ralph Vaughan Williams donnèrent lieu, en Angleterre, à la concrétisation d'un certain nombre de projets dont, entre autres, la publication, aux bons soins de Hugh Cobbe, d'un volume contenant plus de 750 lettres du compositeur, et la réalisation de deux documentaires aux ambitions très différentes, l'un signé Tony Palmer, O Thou Transcendent : The life of Ralph Vaughan Williams, très complet et fouillé, incluant, en particulier, un certain nombre d'entretiens avec des musiciens d'aujourd'hui s'exprimant sur l'influence de l'œuvre de leur glorieux aîné, l'autre signé John Bridcut, dont le titre dévoile assez bien le propos : The Passions of Vaughan Williams.

Ce sont, en premier lieu, des raisons de disponibilité immédiate qui m'ont fait choisir de vous proposer aujourd'hui ce dernier, le film de Palmer ne se trouvant qu'en DVD (on peut l'acquérir assez facilement sur tel ou tel site marchand), tandis que l'internaute qui propose, sur sa chaîne You Tube nommée AntPDC, un choix souvent heureux de musique britannique, a eu l'excellente idée, en en altérant légèrement la qualité – passage de la couleur au noir et blanc, ce qui, soit dit en passant, est loin d'être gênant – de proposer celui de Bridcut, qui n'a fait, à ma connaissance, l'objet d'aucune édition spécifique.

Ralph Vaughan Williams by Yousuf KarshJe pense néanmoins que, pour ce qui constituera probablement, pour la majorité des lecteurs, une première approche un tant soit peu substantielle de l'univers de Vaughan Williams, ce documentaire construit de façon rythmée, avec une approche délibérément moins « musicologique » et pourtant informée, ce qui est naturellement possible sauf, paraît-il, chez le France Musique qu'on nous prépare pour la rentrée, que son concurrent, représente une excellente introduction. Je ne méconnais cependant pas les limites d'une entreprise qui fait la part belle au Vaughan Williams privé, grand séducteur, ayant vécu une grande partie de sa vie entre deux femmes – raison et sentiments, there is nothing new under the (english) sun – et axe surtout le propos sur sa musique symphonique et chorale, en oubliant un peu trop le compositeur de mélodies, de musique de chambre et d'opéra qu'il fut aussi. Il aurait sans doute également été intéressant de développer le chapitre des apprentissages auprès de – et en réaction à – Stanford, Wood et Parry, et les rencontres décisives avec Bruch et Ravel, tout comme la façon dont la trajectoire du jeune Ralph s'inscrivait à la fois dans et légèrement en dehors de ce qui était socialement acceptable aux yeux du milieu dont il était issu.

Malgré ces réserves, la réalisation de Bridcut a l'avantage de dresser de Vaughan Williams un portrait vibrant et vivant dont l'objectif n'est surtout pas d'aboutir à une statue du commandeur, ce dont on ne peut que lui savoir gré. On sent, au travers des témoignages et, bien sûr, des musiques – mention toute particulière aux moments consacrées à la Fantasia on a theme by Thomas Tallis, point de bascule d'une carrière, et aux œuvres inspirées par les deux guerres mondiales que ce musicien engagé traversa en y prenant activement part – qui émaillent le récit, circuler un souffle vital si puissant que l'on comprend sans aucun mal qu'il puisse, aujourd'hui encore, être une source d'inspiration pour beaucoup.

 

J'espère que vous éprouverez le même plaisir et les mêmes émotions que moi durant cette heure et demie délivrée dans un anglais facilement compréhensible et qu'elle vous donnera l'envie de partir à la découverte d'une œuvre qui est indubitablement un des achèvements majeurs du XXe siècle, tous pays confondus.

 

Crédit photographique :

 

Yousuf Karsh (Mardin, Turquie, 1908-Boston, 2002), Ralph Vaughan Williams, 1949. Tirage au gélatino-bromure d'argent, 31,5 x 25,5 cm, Londres, National Portrait Gallery © Karsh / Camera Press

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A
<br /> Merci Jean-Chritophe: Gràce à vous, nous élargissons nos connaissances. Belle journée à vous.<br />
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J
<br /> <br /> J'en suis ravi, Chantal, et cette dynamique ne va pas que dans un sens, car j'apprends beaucoup, moi aussi, en préparant mes chroniques.<br /> <br /> <br /> Merci pour votre mot et belle soirée.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Il a manqué les mots : en regardant la vidéo ... je sais ton indulgence<br />
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J
<br /> <br /> Même si elle n'est pas nécessaire (j'avais rétabli), elle t'est acquise de façon pleinière <br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Sans ce très documenté et passionnant billet, je serais restée interrogative et il m'aurait manqué vraiment l'émotion, parce que ce n'est pas aussi facile pour moi que tu pourrais le penser. Un<br /> grand merci pour le plaisir partagé.<br />
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J
<br /> <br /> Tu es bien généreuse avec ce petit billet qui n'est jamais qu'un bref survol, ma bien chère Marie. Je suis heureux, en revanche, qu'il puisse servir de tremplin vers l'émotion et la découverte,<br /> car c'est naturellement ce qui compte.<br /> <br /> <br /> Un grand merci pour ton ouverture et ta fidélité.<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Merci Jean-Christophe!<br /> <br /> <br /> Très bel article. Je me réjouis de découvrir dans la soirée ce documentaire sur ce compositeur, souvent oublié ou négligé chez nous.<br /> <br /> <br /> Bonne soirée à vous... J'ai copié le lien sur ma page FB<br /> <br /> <br /> Claude<br />
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J
<br /> <br /> Je suis certain, Claude, que vous ne regretterez pas d'avoir passé 1h30 en compagnie d'un compositeur de l'envergure de Vaughan Williams; à titre tout à fait personnel, plus j'apprends à le<br /> connaître, plus je le trouve formidable et je ne suis pas loin (pas loin du tout, même) de le placer aujourd'hui au rang de mes préférés avec Fauré, Bach père et CPE, et une poignée d'autres.<br /> <br /> <br /> Merci pour votre mot et pour votre fidélité jamais démentie et très belle soirée à vous.<br /> <br /> <br /> Jean-Christophe<br /> <br /> <br /> <br />