Un parcours à travers les expressions artistiques, du Moyen-Âge à la première moitié du XXe siècle.
Un bonheur, dit-on, n’arrive jamais seul. Il y a deux ans, le Festival de Sablé, très apprécié par les amateurs de musique baroque, accueillait un ensemble praguois qui, hors sa participation à un enregistrement de concerti grossi d’Albicastro, était presque totalement inconnu en France. Le 25 août 2007, j’avais donc assisté à ce que j’avais appelé « un petit miracle » dans un billet de mon ancien blog. Confidence pour confidence, j’avais même, après l’écoute d’un excellent disque consacré à la musique composée à Prague au XVIIIe siècle par ce Collegium Marianum qui m’avait donné tant de plaisir, envoyé quelques courriels à des labels indépendants pour les enjoindre d’écouter le travail de cet ensemble et de faire le nécessaire pour qu’il soit diffusé. Sans succès, vous pensez bien. J’imagine sans mal la mine condescendante de ceux qui ont reçu mon message enthousiaste et leur haussement d’épaule lorsqu’ils ont appuyé sur le bouton « supprimer ». Tant pis pour eux.
Le 29 août 2009 à 17 heures, la 31e édition du Festival de Sablé, dont la programmation est, cette année encore, particulièrement intéressante, accueillera une nouvelle fois le Collegium Marianum, dirigé par la flûtiste Jana Semerádová, dans un programme intitulé « Musique à la cathédrale de Prague », regroupant des œuvres de Zelenka, Mancini, Hasse et Galuppi, avec la participation du contre-ténor Damien Guillon, qui s’est notamment distingué par son travail au sein du Poème Harmonique de Vincent Dumestre, dans les pièces vocales. Il ne fait guère de doute que le Collegium Marianum s’illustrera avec la fougue, le brio et la souplesse qu’on lui connaît dans une musique qui se place à la croisée des univers germanique et italien, et qu’il s’attachera à faire ressortir le mélange de profondeur mesurée et de virtuosité opératique qui la caractérise.
Celles et ceux qui n’auraient pas la possibilité d’aller entendre le Collegium Marianum en concert pourront trouver une belle consolation dans le disque qu’édite, le 17 septembre 2009 (date pour la France), le prestigieux label tchèque Supraphon. Cet album reprend une large partie des deux anthologies consacrées par l’ensemble à la musique composée à Prague au XVIIIe siècle, qui n’ont, sauf erreur de ma part, malheureusement jamais été distribuées en France. Le choix de l’éditeur a été d’organiser cette parution autour de deux recueils de Jan Josef Ignác Brentner (1689-1742), les Horae Pomeridianae (opus 4, 1720), données pour la première fois dans leur intégralité, et des arias extraites de l’Harmonica duodecatometria ecclesiastica (opus 1, 1716), interprétées par la soprano Hana Blažiková, avec, en prime, le Graduel un peu plus tardif (1735) et très vivaldien de Šimon Brixi, que vous écoutez en lisant ces lignes. Vous savez, vous qui me lisez, que je suis plutôt avare en superlatifs, mais je connais la plus large part de ce disque, et, croyez-moi, elle est d’une qualité exceptionnelle, très loin du baroque formaté que livrent maints ensembles pourtant plus renommés que le Collegium Marianum. Alors, si vous n’avez qu’un disque de musique du XVIIIe siècle à acheter à la rentrée, n’hésitez pas à élire celui-ci. Je vous garantis une heure de plaisir véritable et un compagnon de platine vers lequel vous reviendrez souvent.
Le site du Collegium Marianum peut être consulté en cliquant ici.
Le site du Festival de Sablé peut être consulté en cliquant ici.
Šimon BRIXI (1693-1735), Graduel en la mineur Tu es Deus.
Hana Blažiková, soprano.
Collegium Marianum.
Jana Semerádová, direction.
Brentner, Concertos et arias. 1 CD Supraphon SU 3970. Ce CD peut se précommander en suivant ce lien.