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Un parcours à travers les expressions artistiques, du Moyen-Âge à la première moitié du XXe siècle.

Brève d'été : Le Palazzetto Bru Zane, ou la leçon vénitienne



Jean-Baptiste Camille COROT (Paris, 1796-Ville-d'Avray, 1875),
Vue du Campo della Carita depuis Santa Maria della Salute, 1834.
Huile sur toile, collection privée.

 

Le 3 octobre 2009 aura lieu la première édition de la saison musicale d'une institution à laquelle on ne peut que souhaiter longue et heureuse existence, quand bien même elle met en pleine lumière les insuffisances coupables des pouvoirs publics hexagonaux, prompts, on ne le rappellera jamais assez, à porter en sautoir une identité culturelle dont ils ignorent à peu près tout, quant à la préservation et à la diffusion du patrimoine musical français.

 

C'est donc à l'engagement et à la ténacité de Nicole Bru, soutien de la première heure de l'ensemble Le Concert Spirituel dirigé par Hervé Niquet, créatrice, en 2005, de la Fondation qui porte son nom, que la musique romantique française se doit d'avoir trouvé un havre où elle va pouvoir être enfin étudiée, interprétée et promue : le Palazzetto Bru Zane, à Venise. L'édifice de la fin du XVIIe siècle, entièrement restauré « à l'ancienne », abritera, à l'automne, un Centre dédié à la recherche sur la musique produite en France entre 1780 et 1920 - dont le modèle évoque celui, remarquable, du Centre de Musique Baroque de Versailles - avec pour but de faire principalement connaître des compositeurs que la postérité et son inséparable double, l'ignorance, ont relégués dans l'ombre. Colloques, concerts, publications, enregistrements, les ambitions affichées par l'équipe de direction sont à la mesure des frustrations que l'amateur de musique française rencontre dès qu'il souhaite se documenter plus amplement sur elle en sortant des sentiers balisés par les grands noms que sont, par exemple, Bizet ou Gounod. Le travail du Centre a d'ailleurs déjà débuté et a permis l'édition de soixante-dix partitions, cinq livres et cinq disques, dont celui d'où est tiré l'extrait musical qui accompagne votre lecture.

 

Le programme du premier festival, consacré aux sources du romantisme français donne le vertige, qu'il s'agisse des œuvres ou des talents qui ont été convoqués pour leur donner vie. Imaginez un peu, entre autres, Jadin, Hérold, Onslow, Saint-George, Grétry, Boëly, mais aussi les Italiens actifs à Paris, tels Cherubini ou Rossini, servis par Alain Planès, le Concerto Köln, Hervé Niquet, le Quatuor Mosaïques, Jérémie Rhorer ou encore Marc Minkowski. Un rêve, dont on se plaît à espérer qu'il sera documenté par des retransmissions radiophoniques et au disque pour celles et ceux qui, comme votre serviteur, n'auront pas, sauf intervention divine, la possibilité de se rendre sur place pour écouter des concerts qui s'annoncent prodigieux. Des tournées sont d'ores et déjà planifiées, en France comme à l'étranger, pour certains de ces événements, qui bénéficient, pour la saison 2009-2010, de partenariats avec l'Opéra Comique, le Centre de Musique Baroque de Versailles ou le Conseil général de Moselle.

 

France et Italie ont depuis longtemps partie liée dans le domaine des arts et le nouveau chapitre qu'inaugure le Palazzetto Bru Zane - Centre de musique romantique française promet d'être, sur bien des plans, absolument passionnant. Je souhaite encore une fois longue vie et prospérité à ceux qui œuvrent inlassablement pour que notre patrimoine soit autre chose qu'un gadget politique : une réalité vivante.


Le site du Palazzetto Bru Zane peut être consulté en cliquant ici.


Alexandre Pierre François BOËLY (1785-1858), Sextuor en ré majeur arrangé d'après une symphonie de l'auteur (1827) :
I. Allegro


Ensemble Baroque de Limoges.
Christophe Coin, violoncelle & direction.


Musique de chambre. 1 CD Laborie records LC 05 (distribué par Naïve).

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J
Bien sûr que je m'en souviens, cher Henri-Pierre
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H
Te rappelles-tu nos discussions à l'ombre des grands arbres à ce sujet ?
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J
Bonjour Philippe,"Ne nous interdisons pas la beauté" : je reprends complètement ta dernière phrase à mon compte, si tu le veux bien. Tu as raison, prenons-là à pleines bouffées, à pleine brassées, jouissons-en pour mieux la faire partager. Un tableau de Corot qui transcende un lieu que l'habitude a rendu banal, une fondation qui a redonné vie à un palazzetto de la fin du XVIIe siècle pour lui permettre d'abriter ceux qui luttent contre la coupable anesthésie de nos mémoires, tant de raisons de s'émouvoir et de croire qu'il existe encore, dans une époque qui file vers sa dislocation à tombeau ouvert, des raisons d'espérer.Avec mon amitié.
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P
j'ajoute un grand merci pour l'indication de l'existence du Palazzetto Bru Zane (leur site est très beau), voilà qui devrait donner un charme nouveau à mon prochain voyage à Venise (Ne nous interdisons pas la beauté).
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P
bonjour Jean-Christophe,je ne connaissais pas ce tableau de Corot, bienheureux son possesseur... il est étonnant comme la main d'un grand peintre change tout, car somme toute cette vue est banale, archi vue, ce pourrait être un de ces lieux communs agaçants qui font grimacer car ils ne disent pas la réalité de la ville (que dit si bien le bois des violons de Vivaldi) et banalise le génie, eh bien non, c'est très beau, ce n'est pas seulement Venise en 1834, ce qui est déjà bouleversant, c'est aussi du Corot.Avec mon amitié
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