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7 juin 2009 7 07 /06 /juin /2009 15:21

Hubert ROBERT (Paris, 1733-1808),
Paysage avec aqueduc et torrent, sans date.
Huile sur toile, Paris, Musée du Louvre.


Le compositeur dont je souhaite vous parler aujourd'hui constitue à la fois une de mes plus belles découvertes et une de mes plus intenses sources d'agacement de l'année passée. Je ne parviens toujours pas à comprendre pourquoi, alors que les années 1990 ont vu nombre d'ensemble courageux mettre à l'honneur des pans du répertoire méconnus voire ignorés, cette belle dynamique s'est aujourd'hui, à quelques exceptions près, largement enrayée, faisant place à une routine aussi confortable que lénifiante qui nous ressert inlassablement les mêmes plats vaguement réchauffés. On s'étonnera encore, après ceci, de la crise du disque, quand celui-ci s'obstine à ne presque pas documenter des musiciens aussi passionnants qu'Henri-Joseph Rigel, dont il sera question dans les lignes qui suivent et dont la discographie est d'une pitoyable maigreur qui fait mesurer le tribut que la postérité paie à l'ignorance.

Henri-Joseph Rigel est né Heinrich Joseph Riegel à Wertheim (peint ci-contre, en 1822, par Carl Anton Rottmann), dans l'actuel Land de Bade Württemberg, le 9 février 1741, fils de Georg Caspar, intendant du Prince Löwenstein. A la mort du père (1754), sa veuve, Maria Anna, obtient une pension qui va permettre à ses fils de recevoir une éducation soignée. Si l'on en croit Jean-Benjamin de la Borde (Essai sur la musique ancienne et moderne, 1780), Heinrich-Joseph poursuivit ses études à Stuttgart auprès de Niccolò Jomelli (1714-1774), puis de Franz Xaver Richter (1709-1789) à Mannheim, ce dernier conseillant à son élève d'aller se perfectionner en France. Auteur de quelques symphonies publiées chez Breitkopf, Henri-Joseph Rigel, qui n'utilisera dorénavant que la forme francisée de son nom, s'installe vers 1767 à Paris, où il exerce le métier de professeur de musique et publie, la même année, son opus I, Six sonates pour le clavecin dédiées à une de ses élèves, Mademoiselle Dupin de Francueil. Il se marie en 1768, compose beaucoup dans le domaine instrumental (sonates, quatuors, concertos, symphonies). En 1774, une de ses symphonies est programmée au Concert Spirituel et y reçoit un accueil chaleureux. Ce succès permet à Rigel de donner un essor important à sa carrière en composant dans des genres qu'il n'avait pas abordés jusqu'alors, la musique sacrée dans un premier temps (hiérodrames et diverses pièces), l'opéra à partir de 1778. Il composera ainsi quatorze ouvrages lyriques jusqu'à la fin de sa vie, qui connaîtront des fortunes diverses. Compositeur attaché officiellement au Concert Spirituel dès 1783, il fut un des plus grands promoteurs et virtuoses du pianoforte, qui, depuis les années 1770, supplantait le clavecin. Durant la période révolutionnaire, comme beaucoup de ses pairs, Rigel composa des pièces de circonstance. En 1795, il fit partie de la première équipe du Conservatoire récemment fondé, en qualité de professeur de clavier, poste qu'il conserva jusqu'à sa mort, le 2 mai 1799.

Comme je le disais en préambule, la discographie consacrée à Rigel est étique. Il est donc difficile, en l'état actuel des choses, de se faire une idée complète de l'apport de sa production. Ce qui en a été enregistré laisse néanmoins entrevoir un compositeur de tout premier plan, qui est parvenu à opérer une synthèse assez fascinante entre des influences a priori difficilement conciliables dans un contexte parisien tout imprégné de style « galant ». Par sa formation, il s'est familiarisé très tôt, aux côtés de Jomelli, avec les conceptions italiennes en matière d'opéra et de musique sacrée, puis, sous la conduite de Richter, avec les subtilités du contrepoint germanique (Richter a été lui-même élève de Fux) et les trouvailles de l'École de Mannheim. Il convient d'y ajouter une connaissance profonde de la musique française qui est indubitablement le fruit d'une acculturation in situ. A l'écoute des hiérodrames (histoires sacrées), l'auditeur songera aussi bien à Gluck pour le théâtre qu'aux modèles baroques de Haendel (il y a du Messie dans Jephté) et Mondonville pour la pompe ; sur ce dernier point, on peut dire que Rigel a totalement repris à son compte la tradition française, y compris celle de la musique versaillaise, et l'a intimement mêlée aux nouveaux modes d'expression de son temps.
C'est également évident dans ses symphonies et ses quatuors. Les premières suivent le modèle le plus courant à l'époque en France, en trois mouvements (vif/lent/vif) hérités de l'ouverture d'opéra à l'italienne, quand, dans le même temps, c'est un schéma quadripartite (avec adjonction d'un menuet) qui est en train de s'imposer en territoires germaniques. Stylistiquement, on trouvera dans les symphonies des réminiscences aussi bien de l'École de Mannheim (crescendos théâtraux dans les mouvements extrêmes, finales inspirés par la danse) que des traits typiquement français (pupitre d'altos divisé, premier coup d'archet à l'unisson débutant l'œuvre), avec, de temps à autre, la mise en valeur d'un instrument soliste, clin d'œil, sans doute, au genre de la symphonie concertante alors si prisé des parisiens. Mais ce qui distingue nettement Rigel de ses contemporains est son aptitude à faire siennes les tendances les plus « avancées » de la musique de son temps dans un genre où ses collègues, tels Gossec (1734-1829) ou Saint-George (1745-1799), cherchent surtout à séduire en usant du langage du style « galant », basé sur le charme de mélodies facilement assimilables et d'une élaboration thématique à la régularité toute classique.

Dans les quatuors, l'écriture pour les cordes est plutôt italienne, l'élégance mélodique plutôt française, mais la peinture des affects penche nettement du côté germanique, en ce qu'elle fait place précocement et ouvertement aux influences préromantiques. Voyez les Quatuors dialogués, œuvre X de 1773 environ : sur six œuvres, trois sont en mineur, ce qui est numériquement plus que l'Opus 20 de Haydn (1772), le Quatuor n°5 poussant même la bizarrerie (pour l'époque) jusqu'à conserver ce mode dans son mouvement lent, traditionnellement contrastant. On peut voir dans ces éléments, par-delà la suspicion d'une vive sensibilité personnelle, une volonté clairement affichée de modernité, soutenue par une incontestable maîtrise technique. Car Rigel est, du point de vue de l'écriture instrumentale, un savant alchimiste qui sait utiliser les couleurs individuelles et les nuances dynamiques avec un art consommé, qu'il s'agisse de décrire les tumultes de la guerre (La sortie d'Égypte, 1774) ou les tourments d'une âme inquiète (Jephté, 1783). Nombre de ses œuvres avouent leur filiation avec le Sturm und Drang, par l'emploi de tonalités mineures, d'unissons d'orchestre, de syncopes, d'irrégularités rythmiques, de silences ; l'esprit qui y souffle est souvent clairement préromantique, très en avance, en termes d'audace stylistique et de densité intellectuelle, sur la production moyenne de l'époque en France.

 

« Vous avez un homme qu'il vous faut attacher : M. Rigel est l'homme qui convient pour le grand théâtre. Quand on a fait un oratorio tel que La sortie d'Égypte, on est en état de faire de grands ouvrages » déclarait Gluck aux administrateurs de l'Académie royale qui ne parvenaient pas à se résoudre à le voir quitter Paris. Lorsque l'on connaît l'exigence dont faisait preuve le chevalier, ce jugement ne saurait être soupçonné d'être de circonstance. Il dénote, tout au contraire, à quel point Gluck avait conscience des qualités de Rigel et confiance en ce que son talent pourrait produire. De grâce, messieurs les chefs d'ensemble, un peu d'audace. En servant cette musique qui ne demande qu'à renaître, il y a fort à parier que vous ferez, plus certainement qu'en vous cantonnant au tout-venant, notre bonheur et votre gloire.

 

Henri-Joseph RIGEL (1741-1799) :


1. Symphonie n°8 en sol mineur (1783) :
3e mouvement : Presto


2. Jephté :
Ariette de Jephté (andante) : « J'ai prononcé le vœu funeste »
Alain Buet, Jephté.


3. Quatuor pour deux violons, alto et violoncelle en la mineur, opus X n°6 :
1er mouvement : Allegro


4. La sortie d'Égypte :
Scène VI, Chœur des israélites, chœur des égyptiens : « Ô prodige inouï »


5. Symphonie en ré mineur, opus 21 n°2 (1786) :
1er mouvement : Allegro maestoso


Discographie :


Symphonies.
Concerto Köln.
1 CD Berlin classics 0016432BC


Trois hiérodrames (La sortie d'Égypte, Jephté, La destruction de Jéricho).
Isabelle Poulenard, dessus. Philippe Do, haute-contre. Alain Buet, basse taille.
Les chantres du Centre de musique baroque de Versailles.
Orchestre des Folies françoises.
Olivier Schneebeli, direction.
1 CD K617 K617198


Quatuors dialogués, œuvre X.
Quatuor Franz Joseph.
1 CD ATMA Classique ACD2 2348


Symphonie en ré mineur.
Le Cercle de l'Harmonie.
Jérémie Rhorer, direction.
200 ans de musique à Versailles, volume 17. 20 CD MBF 1107


Tableaux d'Hubert Robert illustrant le billet non signalés dans le texte :

Capriccio avec obélisque, 1768, Huile sur toile, Durham, The Bowes Museum.

L'incendie, 1783, Huile sur toile, Saint-Pétersbourg, Musée de l'Ermitage.

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31 mai 2009 7 31 /05 /mai /2009 16:39

Jan BRUEGHEL L'Ancien (Bruxelles, 1568-Anvers, 1625),
Paysage avec voyageurs sur une route de campagne, c.1608-1610.
Huile sur cuivre, Saint Louis (Missouri), Art Museum.

 

S'il avait été peintre, il aurait sans doute rapporté des dessins ou des tableaux de ses pérégrinations, fussent-elles imaginaires. Mais il était musicien, peut-être plus sédentaire que ce qu'il laisse lui-même entendre dans l'épître dédicatoire d'un de ses recueils d'airs, alors c'est dans ceux-ci qu'il a consigné les impressions bigarrées, souvent comiques, parfois songeuses, inspirées par les différentes cultures qu'il a côtoyées ou rêvées. Le suivrez-vous dans le voyage auquel il vous invite ?

 

Les éléments biographiques concernant Charles Tessier sont, comme souvent pour les musiciens de la Renaissance, assez lacunaires, en dépit de la renommée qui était la sienne de son vivant. Fils du compositeur breton Guillaume Tessier dont on connaît un Premier livre d'airs (Paris, 1582) dédié à la souveraine d'une Angleterre où il souhaitait se rendre pour trouver un emploi stable, Charles est probablement né vers 1560-65. Sa présence est attestée en 1597 à Londres, où il publie son Premier livre de chansons et airs de court..., dédié à Penelope Rich (portrait présumé par Nicholas Hilliard, c.1590, ci-dessus), sœur du duc d'Essex, Robert Devereux, au service duquel il espérait sans doute entrer. Le compositeur est désigné, dans le titre de l'ouvrage, en qualité de « musicien de la Chambre du roy de France ». Vers 1602-1603, il rencontre à Poitiers le landgrave Maurice de Hesse, qui avait vainement tenté de recruter John Dowland pour sa cour. Tessier dédie à ce prince son recueil d'Airs et villanelles... publié à Paris en 1604, et va même jusqu'à le lui apporter en personne. En 1609, notre musicien se trouve à la cour de Lorraine à Nancy, puis, en 1610, il effectue un changement de dédicace au profit du roi Mathias de Hongrie à l'occasion de la réédition de son recueil d'Airs et villanelles. Après cette date, on perd complètement la trace de Tessier.

S'il est certain qu'outre son pays d'origine, il séjourna en Angleterre et en Allemagne, Tessier fut-il, comme il le prétend, un grand voyageur que ses pas conduisirent en Espagne, en Italie et, destination infiniment plus rare pour l'époque, en Arabie ? Il est d'autant plus incertain de l'affirmer qu'il n'était pas rare de trouver des airs italiens ou espagnols dans les recueils français de chansons de la fin du XVIe siècle, et qu'en outre le propre père de notre Charles en a lui-même composé. Les airs écrits dans un turc savoureusement macaronique s'inscrivent, eux, dans une mode orientalisante qui trouve ses origines tant dans les échanges commerciaux existant depuis le règne de François Ier entre la France et l'empire ottoman que dans les rêveries excitées par la publication, dans le dernier quart du siècle, de récits de voyage en Orient. Ce goût pour la turquerie tant musicale que littéraire, dont Tessier est un des premiers représentants, connaîtra une fortune considérable aux XVIIe et XVIIIe siècles, comme en témoignent les œuvres tant de Molière (Le bourgeois gentilhomme, 1670) que de Mozart (Die Entführung aus dem Serail, 1782).
Outre ces aimables arlequinades, dont vous avez, ci-contre un exemple pictural dans ce cavalier turc dessiné dans l'entourage de Jacques Bellange (c.1575-1616), Tessier s'illustra aussi dans le genre un peu plus codifié de l'air de cour, qui commençait à gagner, du fait de l'engouement, au tournant des XVIe et XVIIe siècles, pour le chant « moderne » à voix seule avec accompagnement au détriment des savantes élaborations polyphoniques héritées de la tradition, une faveur grandissante auprès des auditeurs. Cette toute nouvelle forme musicale, qui coexiste, à cette époque, avec la polyphonie puisque l'on trouve les mêmes airs dans l'une et l'autre configuration, répond à une double exigence de simplicité et de sobriété, ce qui la distingue des madrigaux italiens, beaucoup plus imprégnés d'effets opératiques. En effet, y compris lorsque le texte mis en musique dépeint des sentiments extrêmes, l'air de cour français ne se départ qu'exceptionnellement d'une certaine retenue, déclinant généralement la palette des affects sur un mode plus allusif qu'ostentatoire. Il n'est pas rare également qu'il s'appuie, du moins en ses débuts, sur des mélodies populaires que le travail du compositeur laisse plus ou moins apparaître ; ainsi Me voilà hors du naufrage de Tessier existe-t-il aussi sous forme de branle double. Toutes ces caractéristiques, attestées depuis le début des années 1570, vont rester, malgré quelques éclipses, profondément ancrées dans la culture musicale française ; on les retrouvera ainsi, mêlées à d'autres, dans un genre qui fleurira aussi abondamment que souvent splendidement dès le XIXe
siècle, la mélodie.

 

Nul ne saura jamais si Charles Tessier fut un arpenteur de routes ou un voyageur de l'imaginaire, et ce n'est, au fond, pas si important. Suivre aujourd'hui ses pas au travers de ses compositions gorgées de couleurs, de liberté d'invention et, le cas échéant, de gravité pudique, c'est entreprendre, en remontant le fil du temps, un passionnant voyage qui nous mène à l'une des sources de la musique française.


Charles TESSIER (c.1560/65-après 1610 ?) :
1. Villanelle italienne Vita ti voria dar (recueil de 1604)
2. Air de cour Me voilà hors du naufrage (recueil de 1597)


Claire Lefilliâtre, soprano. Bruno le Levreur, haute-contre. Jan van Elsacker, ténor. Arnaud Marzorati, basse.
Le Poème Harmonique.
Vincent Dumestre, guitare, théorbe & direction.


Carnets de voyage. 1 CD Alpha 100.

 

Me voilà hors du naufrage
De cet amour insensé
Je veux devenir plus sage
Et me rire du passé.
Fasse amour ce qu'il voudra
Jamais ne me reprendra. (...)


Comme une tapisserie
Peinte de toutes couleurs
La rive est toute fleurie
De mille et diverses fleurs.
Fasse amour ce qu'il voudra
Jamais ne me reprendra.


Pas un des vents on n'oit bruire
A ce doux embarquement
Fors le gracieux zéphyr
Qui nous souffle doucement.
Fasse amour ce qu'il voudra
Jamais ne me reprendra.


Mais quand nous avons fait voile
De ces flots pernicieux
Une tempête cruelle
S'offre bientôt à nos yeux.
Fasse amour ce qu'il voudra
Jamais ne me reprendra.

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15 mai 2009 5 15 /05 /mai /2009 16:52



Ferdinand HEILBUTH (Hambourg, 1826-Paris, 1889),
Rêverie, sans date.
Huile sur toile, Paris, Musée d'Orsay.

 

Connaissez-vous Gabriel Fauré ? Ma question est - volontairement - impertinente. Bien sûr que Fauré est un compositeur célèbre, il suffit d'ailleurs de voir le nombre d'enregistrements de son Requiem qui ont été et sont encore réalisés. Et puis, il y aussi l'Élégie, me direz-vous, autre page inoubliable. Ce sont un peu les deux arbres qui cachent une vaste forêt, où l'on trouve de vastes clairières de musique de chambre et de nombreux bosquets de mélodies.


Souvent considéré comme un compositeur de salon vaguement ennuyeux, la réputation de Fauré (peint, ci-contre, par John Singer Sargent vers 1889) a beaucoup souffert de son penchant revendiqué pour la pureté classique et de son aversion pour ce qu'il nommait lui-même « le gros effet ». On l'a ainsi tenu pour un musicien bien peu aventureux, comparé, par exemple, aux audacieux Wagner, Debussy ou Stravinsky, image que n'a guère arrangé la direction très ferme qu'il assura à la tête du Conservatoire de Paris à compter de 1905 et les nombreux honneurs dont il a été comblé. En fait, rien n'est moins exact que cette aura un peu poussive qui s'attache à Fauré, que son souci de clarté, de fluidité, n'empêcha jamais de produire une musique infiniment plus complexe et fuyante que ce qu'une approche superficielle peut laisser soupçonner.


Voici une de ses mélodies les plus connues, dans deux versions. L'une, originale, est pour voix et piano, l'autre est la transcription pour violoncelle et piano qu'en réalisa Pablo Casals. J'espère que vous vous laisserez gagner par son aspiration vers la lumière d'une affection partagée, quand bien même ne le serait-elle qu'à la faveur de la nuit qui emporte dans le plus doux des rêves. Fauré, qui savait bien, ayant été cruellement affecté par la rupture de ses fiançailles avec Marianne Viardot, ce qu'est un amour auquel on ne peut que rêver, a probablement mis une grande part de lui-même dans cette œuvre.



 

Gabriel FAURÉ (1845-1924), Après un rêve.

1. Mélodie pour voix et piano en ut mineur, opus 7 n°1 (1871).
Texte de Romain Bussine (1830-1899), « d'après une  poésie toscane ».


Véronique Gens, soprano.
Roger Vignoles, piano.

Nuit d'étoiles, mélodies françaises. 1CD Virgin 7243 545360 2 1.

 

2. Transcription pour violoncelle et piano, réalisée par Pablo Casals (1910).


Xavier Gagnepain, violoncelle Gand et Bernardel, 1878.
Jean-Michel Dayez, piano Sébastien et Pierre Érard, 1902.


L'œuvre pour violoncelle et piano. 1 CD Zig-Zag Territoires ZZT070602.


Dans un sommeil que charmait ton image
je rêvais le bonheur, ardent mirage,
tes yeux étaient plus doux, ta voix pure et sonore,
tu rayonnais comme un ciel éclairé par l'aurore ;


Tu m'appelais et je quittais la terre
pour m'enfuir avec toi vers la lumière,
les cieux pour nous entr'ouvraient leurs nues,
Splendeurs inconnues, lueurs divines entrevues.


Hélas ! Hélas, triste réveil des songes,
Je t'appelle, ô nuit, rends-moi tes mensonges ;
Reviens, reviens, radieuse,
Reviens, ô nuit mystérieuse !

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10 mai 2009 7 10 /05 /mai /2009 17:06


Claude MONET (Paris, 1840-Giverny, 1926),
Peupliers, automne, 1891.
Huile sur toile, Philadelphia, Museum of Art.

 

Accompagnée par un piano, une formation de chambre ou un orchestre symphonique, la mélodie a connu une incroyable floraison en France entre le milieu du XIXe siècle et celui du XXe siècle. Une rubrique consacrée à la musique française ne pouvait pas faire l'impasse sur cette forme qui a été pratiquée, avec plus ou moins d'assiduité, par à peu près tous les compositeurs. Certains cycles, qu'ils aient été conçus ou non comme tels, se sont maintenus au répertoire et bénéficient d'une discographie abondante - songeons aux Nuits d'été de Berlioz - tandis que d'autres pièces demeurent plus confidentielles, en dépit de leur intérêt. Je tenterai, au fil des mois, de m'arrêter sur les uns comme sur les autres, en allégeant au maximum la présentation pour laisser toute sa place à une approche émotionnelle de la part de celles et ceux qui me font l'honneur de me lire.

 

Je reviendrai à Joseph-Guy Ropartz (photo ci-contre) ultérieurement, notamment pour parler de ses symphonies qui sont des réalisations tout à fait passionnantes. Né en 1864 à Guingamp, il a été formé au Conservatoire de Paris dans les classes de Théodore Dubois, de Jules Massenet puis de César Franck. Il se lie avec Vincent d'Indy et Albéric Magnard, dont il orchestrera, après la mort tragique de ce dernier en 1914, l'opéra Guercœur. Il dirige successivement les conservatoires de Nancy (1894-1919), puis de Strasbourg (1919-1929), avant de se retirer dans son manoir de Lanloup en Bretagne, où il meurt en 1955. Son œuvre couvre toutes les formes, de l'opéra (Le Pays, 1912) à la musique sacrée.

La postérité de Ropartz a longtemps souffert d'une image régionaliste absolument réductrice. Certes, on ne saurait nier que l'âme bretonne irrigue d'une sève puissante et rêveuse sa musique, mais le goût du compositeur pour des élaborations contrapuntiques et harmoniques complexes, son attachement au symbolisme, patent également dans ses poésies, transcendent largement ce qu'elle aurait pu avoir de simplement folklorique. Il s'agit d'une musique à la fois empreinte d'une sensibilité à fleur de peau et très maîtrisée, voire un peu hautaine, qui dédaigne toute emphase au profit d'une grande concentration du discours, ce qui la rapproche de celle d'un Sibelius.

 

Je vous propose de découvrir aujourd'hui une de ses rares mélodies avec orchestre, sur un texte d'Henri de Régnier qui, comme Ropartz, plaça son œuvre au confluent du Parnasse et du Symbolisme.

 

Joseph-Guy ROPARTZ (1864-1955), Je n'ai rien que trois feuilles d'or, mélodie pour soprano et orchestre (Quatre odelettes, 1913).
Texte d'Henri de Régnier (1864-1936), Les jeux rustiques et divins, 1897.

 

Cécile Perrin, soprano.
Orchestre Philharmonique du Luxembourg.
Emmanuel Krivine, direction.

 

La chasse du prince Arthur, Quatre odelettes, La cloche des morts, Quatre poèmes, Soir sur les chaumes. 1 CD Timpani 1C1073.

 

Je n'ai rien
Que trois feuilles d'or et qu'un bâton
De hêtre, je n'ai rien
Qu'un peu de terre à mes talons,
Que l'odeur du soir en mes cheveux,
Que le reflet de la mer en mes yeux,
Car j'ai marché par les chemins
De la forêt et de la grève
Et j'ai coupé la branche au hêtre
Et cueilli en passant à l'automne qui dort
Le bouquet des trois feuilles d'or.

Accepte-les : elles sont jaunes et douces
Et veinées de fils de pourpre ;
Elles sentent la gloire et la mort,
Elles tremblèrent au noir vent des destinées :
Tiens-les un peu dans tes mains douces :
Elles sont légères, et pense
À celui qui frappa à ta porte
Un soir
Et qui s'est assis en silence
Et qui reprit en s'en allant
Son bâton noir
Et te laissa ces feuilles d'or
Couleur de soleil et de mort...
Ouvre tes mains, ferme ta porte
Et laisse-les aller au vent
Qui les emporte.

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23 avril 2009 4 23 /04 /avril /2009 18:04

 


Alfred Rethel (Aachen, 1816-Düsseldorf, 1859),
La mort assassine
, 1847-49.
Gravure sur bois, Dresde, Kupferstich-Kabinett.

Zig et zig et zig, la mort en cadence

Frappant une tombe avec son talon,
La mort à minuit joue un air de danse,
Zig et zig et zag, sur son violon.

Depuis le Moyen-Âge, elle hante l'esprit des Hommes. Qu'elle s'étale en frise grimaçante sur les murs des églises, prenne place dans les riches enluminures de coûteux manuscrits puis, avec l'arrivée de l'imprimerie, étende son empire au papier grâce à la gravure sur bois ou sur cuivre, en ronde désordonnée ou en procession solennelle, la danse macabre était autrefois une compagne aussi familière qu'effrayante. Memento mori, Dit des trois morts et des trois vifs, Carro della Morte, Ackermann aus Böhmen (Le Paysan de Bohême, c.1401-02), tout rappelle aux mortels l'inéluctabilité de leur destin, en offrant aux plus humbles la perspective vaguement réconfortante que la grande Faucheuse traite tout le monde de la même manière, quelle que soit l'extraction ou la position sociale, d'où la cohabitation, dans les représentations picturales de la danse macabre, du mendiant, du paysan, de l'évêque et du monarque. La mort finit tôt ou tard par regrouper ceux que la fortune a diversement choyés sous une même épitaphe : tous pourris.

Le vent d'hiver souffle, et la nuit est sombre,

Des gémissements sortent des tilleuls ;

Les squelettes blancs vont à travers l'ombre

Courant et sautant sous leurs grands linceuls,


Zig et zig et zig, chacun se trémousse,

On entend claquer les os des danseurs,
Un couple lascif s'assoit sur la mousse
Comme pour goûter d'anciennes douceurs.

 

Le macabre, comme en atteste, par exemple, La mort qui danse, eau-forte de Félicien Rops (1833-1898) datée de 1878 (en tête de la partie suivante), a connu une vogue certaine dans les arts tout au long du XIXe siècle. L'esprit romantique s'en est assez naturellement emparé qu'il s'agisse d'en tirer une méditation sur la grandeur tragique de la destinée humaine, comme dans les tableaux représentant des cimetières de Caspar David Friedrich (1774-1840), d'en faire une arme destinée à choquer le bourgeois en insistant, par exemple, sur la putréfaction - songez au poème Une charogne (1857) des Fleurs du mal de Baudelaire, recueil condamné pour outrage aux bonnes mœurs - ou d'instaurer une atmosphère fantastique teintée d'érotisme propre à faire frémir l'âme sensible des lecteurs, ainsi que le fit Théophile Gautier, entre autres dans son Roman de la momie (1858). La musique n'échappe évidemment pas à ce goût, dont une des plus parfaites illustrations est la fameuse Danse macabre de Camille Saint-Saëns (1835-1921, photographie ci-dessus).

De toutes les versions réalisées par le compositeur, c'est le poème symphonique, véritable cheval de bataille de nombreux orchestres dans les années 1960-1970, qui est sans doute le plus connu, même s'il ne me semble pas qu'on le donne encore beaucoup de nos jours, peut-être parce qu'il a été trop joué auparavant. A l'origine, pourtant, la Danse macabre n'est pas une pièce instrumentale, mais une mélodie composée par Saint-Saëns en 1872 sur un poème d'Henri Cazalis (alias Jean Lahor, 1840-1909) qui mêle adroitement éléments fantastiques et esprit sarcastique. Aussi étonnant que ceci puisse paraître, la création de l'œuvre sous sa forme de poème symphonique, le 24 janvier 1875 aux Concerts Colonne, récolta des sifflets, ce qui n'empêcha pas un Liszt admiratif, lui même auteur d'une Totentanz pour piano et orchestre créée en 1865, d'en réaliser, très peu de temps après, une transcription pour piano. Saint-Saëns, lui, adapta sa Danse macabre pour deux claviers puis ne résista pas au plaisir de la citer, sur un mode parodique jubilatoire, dans les « Fossiles » de son Carnaval des animaux composé en 1886, fantaisie pleine d'esprit et de mordant qu'on a bien tort de ne réserver qu'au public enfantin pour lequel elle n'a pas été conçue au départ.

Zig et zig et zag, la mort continue
De racler sans fin son aigre instrument.
Un voile est tombé ! La danseuse est nue !
Son danseur la serre amoureusement.

La dame est, dit-on, marquise ou baronne.
Et le vert galant un pauvre charron
- Horreur ! Et voilà qu'elle s'abandonne
Comme si le rustre était un baron !

Ce qui frappe le plus à l'audition de l'œuvre, ce sont, bien entendu, ses qualités descriptives. La harpe et le cor sonnent les douze coups de minuit dans une brume de cordes mystérieuses. Lever de rideau sur le personnage principal, la Mort qui accorde, ou plutôt désaccorde cet instrument traditionnellement diabolique qu'est le violon en suivant la technique de la scordatura, l'accord normal de la corde de mi étant abaissé à mi bémol. Premier thème lancé sur ce seul instrument, à la manière d'un ménétrier ricanant : c'est l'invitation à la danse lancée aux morts. Les voici d'ailleurs qui sortent des tombeaux tandis qu'un vent aigrelet siffle aux cordes. Le bal peut commencer, voici le second thème, une valse ample teintée de mélancolie qui va se déployer à l'orchestre où le xylophone imite l'entrechoquement des os des squelettes qui dansent (à 1'52"), avant d'être développé en un fugato où va s'inviter la mélodie du Dies Irae pour s'achever, après un passage d'une goguenarde grivoiserie (à 2'31"), sur une véritable scène d'amour avec violon lascif obligé (jusqu'à 3'24"). Puis la musique s'emballe pour aboutir à un premier climax, s'apaise un instant en un passage soupirant où réapparait l'amoureux violon (de 4'09" à 4'48") pour mieux enfler derechef et s'accélérer, se muant en une sorte de bacchanale frénétique, un véritable Sabbat ponctué de ricanements presque déments (à 5'24"). Subitement, le coq chante par la voix du hautbois. L'aube arrive, les morts regagnent leurs caveaux sur une mélodie plaintive du violon qui déplore la fin de la fête. Les ombres se dissipent et avec elles les dernières images de l'infernale nuit, tandis que le morceau s'achève dans une atmosphère subtilement ironique qui peut sonner comme un « nous reviendrons ».

Saint-Saëns est parvenu dans cette Danse macabre à faire cohabiter avec beaucoup de brio inspiration « populaire » et écriture savante dans un climat à la fois fantastique et grotesque. S'il faut chercher des antécédents à cette œuvre, ce n'est pas vers la Totentanz de Liszt, suite de variations d'esprit assez différent sur le thème du Dies irae, qu'on se tournera mais bien vers le dernier mouvement de la Symphonie fantastique (1830) de Berlioz, intitulé « Songe d'une nuit de Sabbat ».

Zig et zig et zig, quelle sarabande !
Quels cercles de morts se donnant la main !
Zig et zig et zag, on voit dans la bande
Le roi gambader auprès du vilain !

Mais psit ! tout à coup on quitte la ronde,
On se pousse, on fuit, le coq a chanté.
Oh ! La belle nuit pour le pauvre monde !
Et vive la mort et l'égalité !


Le disque s'ornait, je crois, d'une peinture de Cézanne cernée par un affreux encadrement vert olive. C'était un microsillon offert par une quelconque station-service à mes parents. Le vieil électrophone confié au péril de mes mains enfantines reposait à même le parquet et crachotait un son monophonique aigrelet. Qu'importe. Assis sur le sol dans la tranquille solitude de ma chambre d'enfant, combien de fois ai-je inlassablement écouté et réécouté cette Danse macabre de Saint-Saëns en agitant parfois les bras pour conduire un orchestre imaginaire, jusqu'à ce qu'un jour s'invitent sur la même platine fatiguée la prestigieuse étiquette jaune de la Deutsche Grammophon qui ornait mes premiers 33 tours des Quatre saisons ou des Préludes de Liszt ? Assoupie dans un des tiroirs de mes souvenirs, je ne l'ai réécoutée qu'après bien des années, avec une oreille neuve et toujours autant de bonheur. C'est donc tout naturellement qu'elle s'est imposée pour ouvrir vraiment cette rubrique dédiée à la musique française, rencontre en forme de clin d'œil entre notre passé commun et ma propre histoire.



Camille Saint-Saëns (1835-1921), Danse macabre, poème symphonique, opus 40 :

1. Mélodie originale pour voix et piano

Susan Graham, mezzo-soprano.
Malcolm Martineau, piano Steinway D.

Un frisson français, un siècle de mélodie française. 1 CD Onyx 4030.


2. Version pour orchestre
Orchestre national de l'ORTF.
Jean Martinon, direction.

Saint-Saëns, Symphonie n°3, poèmes symphoniques (+ Poulenc, Concerto pour orgue). 1 CD Apex 8573892442.


3. Version pour deux pianos
Jos van Immerseel, piano Érard 1897.
Claire Chevallier, piano Érard 1904.

Pièces à deux pianos. Œuvres de Saint-Saëns, Franck, Infante et Poulenc. 1 CD Zig-Zag Territoires ZZT22030903.

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19 avril 2009 7 19 /04 /avril /2009 14:56

Jean-François MILLET (Gréville, Manche, 1814-Barbizon, 1875),
Le printemps
, 1868-1873.
Huile sur toile, Paris, Musée d'Orsay.


Depuis un peu plus d'un mois maintenant, j'ai refermé la porte de certain Jardin pour débuter ici une nouvelle aventure. Je remercie toutes celles et tous ceux qui, avec une belle fidélité, continuent à honorer de leurs visites et de leurs commentaires tant Passée des arts que Vermischter Stil où ma complice Ghislaine et moi faisons plume commune.

Je me suis déjà exprimé, parfois avec un peu de vivacité, sur un sujet dont le pouvoir politique en place a fait une sorte de hochet à agiter sporadiquement, particulièrement en temps de crise, afin de tenter de distraire l'attention du plus grand nombre de problèmes plus immédiatement concrets : « l'identité culturelle française ». Sans m'appesantir plus que de raison sur la dissonance que provoque la défense de cette idée par ceux qui n'ont pas assez de couteaux pour tenter d'assassiner tant Madame de Clèves que la syntaxe du français, mes fréquentes incursions sur Internet, en particulier sur les blogs francophones parlant musique, m'ont conduit à constater que si on y trouve des contributions, souvent remarquables, tant sur la musique italienne, allemande, voire anglaise, la musique française y fait souvent figure de parent pauvre, sauf, peut-être, celle de la période du règne de Louis XIV. Aussi ai-je décidé de créer sur ce blog une rubrique qui sera spécifiquement dédiée aux compositeurs français au sens large, puisqu'y prendront également place des musiciens étrangers ayant fait la plus large partie de leur carrière en France, tels, entre autres, du Mont, Rigel ou Chopin. J'ai emprunté, avec un brin d'ironie, au champ lexical habituellement dévolu à la linguistique pour baptiser Gallicismes cette nouvelle venue, dans laquelle vous trouverez, au fil du temps, la palette la plus large possible de compositeurs et de genres musicaux sur une période allant du XVIe au XXe siècles.

Une rubrique cocorico, alors ? Si certains l'imaginent, ils seront déçus. Le nationalisme n'a pas sa place ici, pour deux raisons simples. La première est que considérer la musique française - toute musique - séparément d'un large réseau d'influences majoritairement, mais pas exclusivement, européennes est une idiotie. Tenter d'expliquer Charpentier sans Carissimi ou Berlioz sans Beethoven revient au même qu'appréhender de la Tour en faisant fi de Caravage ou Hugo en ignorant Shakespeare : une impasse. La seconde est tout personnelle, la moitié de sang étranger qui coule dans mes veines ne m'incitant guère, en dépit d'un profond sentiment d'ancrage culturel français, à faire de la cocarde tricolore une boussole ou une béquille. Tout mon propos sera donc de proposer, dans la mesure de mes capacités, un tour d'horizon aussi vaste que possible d'un patrimoine musical souvent ignoré, quelquefois vilipendé voire menacé, sans entrer dans le jeu futile des hiérarchies. Il est, à mon sens, grand temps que nous prenions vraiment conscience du fabuleux héritage qui est le nôtre. Puissent donc ces futurs Frissons français, pour reprendre le titre d'un récent et remarquable récital de Susan Graham, être pour vous ceux que l'on éprouve quand s'invite le plaisir à l'instant des agréables surprises ou des retrouvailles.


Claude DEBUSSY (1862-1918) : Apparition, mélodie pour voix et piano sur un poème de Stéphane Mallarmé, 1884.


Sandrine Piau, soprano.
Jos van Immerseel, piano Érard 1897.


Mélodies. 1 CD Naïve V 4932.

Texte de la mélodie :

La lune s'attristait. Des séraphins en pleurs
Rêvant, l'archet aux doigts, dans le calme des fleurs
Vaporeuses, tiraient de mourantes violes
De blancs sanglots glissant sur l'azur des corolles.
- C'était le jour béni de ton premier baiser.
Ma songerie aimant à me martyriser
S'enivrait savamment du parfum de tristesse
Que même sans regret et sans déboire laisse
La cueillaison d'un Rêve au cœur qui l'a cueilli.
J'errais donc, l'œil rivé sur le pavé vieilli
Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue
Et dans le soir, tu m'es en riant apparue
Et j'ai cru voir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mes beaux sommeils d'enfant gâté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancs bouquets d'étoiles parfumées.

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